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- Revue Babylone, mythique historique biblique
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Revue Babylone, mythique historique biblique
Code de produit : 206983
Le numéro 226 (septembre-octobre-novembre) Babylone, mythique, historique, biblique.
Babylone, le retour
Babylone et la Mésopotamie sont des sujets récurrents dans Le Monde de la Bible. À ce détail près qu’en parler à nouveau redevient non seulement possible mais surtout s’avère nécessaire. Pour deux motifs.
D’une part parce que, malgré les désastres et les ruines provoqués par les récentes guerres, le champ de la connaissance s’est considérablement approfondi. Il y a plusieurs raisons à cela ; elles sont paradoxales. La première est qu’après de nombreuses années d’interruption les chantiers archéologiques internationaux reprennent, et pas seulement dans le Kurdistan irakien. La seconde est que la communauté des chercheurs, privée de présence sur le terrain et plus que jamais convaincue de la fragilité des sites et des musées locaux, tant en Syrie qu’en Irak, a clairement perçu l’urgence de publier tout un savoir accumulé mais pas encore transmis ni partagé.
La Bible est née à Babylone ?
D’autre part parce que le dernier numéro du Monde de la Bible traitant d’un thème similaire datait tout de même de 2004. Annoncé par un titre de couverture éloquent, « La Bible est née à Babylone », le dossier du n°?161 déclinait les thèmes suivants : Les mythes mésopotamiens et la Bible (Brigitte Lion) ; La vie des déportés de Juda en Babylonie (Francis Joannès) ; Une communauté juive sans Temple (Jacques Briend) ; La Bible est née à Babylone ? (Pierre Gibert) ; Les découvertes du XIXe?siècle (Jean-Jacques Glassner).
Dans ce numéro passé, Pierre Gibert posait déjà les conclusions d’une recherche sur la thèse de la naissance de la Bible à Babylone : « Depuis une dizaine d’années, écrivait-il, s’est affirmée l’“évidence” d’une composition “tardive” de l’essentiel de l’Ancien Testament, jusqu’à susciter parfois des réactions polémiques : non seulement les grandes synthèses du Pentateuque et des livres prophétiques et historiques, mais l’élaboration de certains personnages remonterait au plus tôt au retour de l’Exil, dans la mouvance plus ou moins exclusive de cet Exil et donc de l’expérience babylonienne. Ce coup de jeune empêcherait de parler véritablement d’Israël ou de peuple juif avant le Ve?siècle ou VIe ap. J.-C. Car l’épreuve de l’exil a joué un rôle de catalyseur de questions. En outre, au retour de l’Exil, le souci de refonder l’unité d’un peuple divisé devait conduire à ces grandes synthèses. » En conclusion de son article, l’auteur porte cette expression que je trouve magnifique : « La Bible est donc née à Babylone, de cette expérience de l’étranger qui faillit être mortelle mais que la foi du peuple juif a transformé en grâce divine : car, ainsi que nous-même, notre père était un araméen errant… »
Depuis 14 ans, l’archéologie au Proche-Orient et l’épigraphie (traduction et étude des textes) des innombrables tablettes mésopotamiennes découvertes ont fait considérablement progresser la connaissance de ces civilisations, longtemps méconnues.
Au sein de notre comité éditorial et scientifique, un homme porte particulièrement attention à cette région et aux civilisations mésopotamiennes. Assyriologue, Bertrand Lafont nous informe régulièrement des progrès de la recherche sur ces domaines scientifiques. Avec lui, nous avons souvent débattu de l’opportunité de publier un dossier qui livrerait sur ces sujets des informations nouvelles. Des ouvrages édités en 2017 aux Belles Lettres par Dominique Charpin, La vie méconnue des temples mésopotamiens (cf. MdB n°?222), et chez Belin, La Mésopotamie. De Gilgamesh à Artaban 3300-120 av. J.-C., une « somme » coécrite par Bertrand Lafont, Aline Tenu, Francis Joannès et Philippe Clancier (cf. MdB n° 224), nous ont convaincus de ne plus attendre.
À l’initiative de notre assyriologue, une rencontre s’est produite début janvier avec lui et un de ses éminents collègues universitaires, Francis Joannès. Estelle Villeneuve, archéologue et bibliste, qui accompagne au quotidien notre petite équipe et réalise la grande séquence archéologie du Monde de la Bible, était également des nôtres. Ensemble nous avons élaboré le plan de ce dossier et choisi les meilleurs auteurs.
C’est ainsi que Bertrand Lafont et Francis Joannès se sont spontanément portés candidats pour réaliser à quatre mains un portrait historique de la Babylone mythique et archéologique, véritable « ville-monde ». Laura Cousin leur a prêté main-forte pour expliquer dans des encadrés pertinents l’urbanisme de la ville, la réalité et l’importance des fameux jardins suspendus et de la tour de Babel. Francis Joannès a repris le dossier sur la présence judéenne à Babylone. J’écris « repris », car lui-même avait rédigé un article similaire dans notre dossier publié en 2004. À quatorze ans d’intervalle les sources s’étant multipliées, le propos n’est plus exactement le même. Nous avons ensuite demandé à Philippe Clancier de nous parler de la grande bibliothèque de Babylone, rarement évoquée dans nos colonnes auparavant.
Enfin, nous avons sollicité l’expertise de deux éminents professeurs du Collège de France. Le premier, Thomas Römer, titulaire de la chaire « Milieux bibliques », pour rappeler pourquoi l’exil des Judéens à Babylone fut déterminant dans la naissance des textes bibliques. Le second, Dominique Charpin, titulaire de la chaire « Civilisation mésopotamienne », pour évoquer les défis que la Mésopotamie antique lance encore aux chercheurs. Outre l’inventaire des principales questions irrésolues, l’auteur livre là une édifiante « leçon de recherche ».
En vous souhaitant une enrichissante et agréable lecture !
Par Benoît de Sagazan
Babylone, le retour
Babylone et la Mésopotamie sont des sujets récurrents dans Le Monde de la Bible. À ce détail près qu’en parler à nouveau redevient non seulement possible mais surtout s’avère nécessaire. Pour deux motifs.
D’une part parce que, malgré les désastres et les ruines provoqués par les récentes guerres, le champ de la connaissance s’est considérablement approfondi. Il y a plusieurs raisons à cela ; elles sont paradoxales. La première est qu’après de nombreuses années d’interruption les chantiers archéologiques internationaux reprennent, et pas seulement dans le Kurdistan irakien. La seconde est que la communauté des chercheurs, privée de présence sur le terrain et plus que jamais convaincue de la fragilité des sites et des musées locaux, tant en Syrie qu’en Irak, a clairement perçu l’urgence de publier tout un savoir accumulé mais pas encore transmis ni partagé.
La Bible est née à Babylone ?
D’autre part parce que le dernier numéro du Monde de la Bible traitant d’un thème similaire datait tout de même de 2004. Annoncé par un titre de couverture éloquent, « La Bible est née à Babylone », le dossier du n°?161 déclinait les thèmes suivants : Les mythes mésopotamiens et la Bible (Brigitte Lion) ; La vie des déportés de Juda en Babylonie (Francis Joannès) ; Une communauté juive sans Temple (Jacques Briend) ; La Bible est née à Babylone ? (Pierre Gibert) ; Les découvertes du XIXe?siècle (Jean-Jacques Glassner).
Dans ce numéro passé, Pierre Gibert posait déjà les conclusions d’une recherche sur la thèse de la naissance de la Bible à Babylone : « Depuis une dizaine d’années, écrivait-il, s’est affirmée l’“évidence” d’une composition “tardive” de l’essentiel de l’Ancien Testament, jusqu’à susciter parfois des réactions polémiques : non seulement les grandes synthèses du Pentateuque et des livres prophétiques et historiques, mais l’élaboration de certains personnages remonterait au plus tôt au retour de l’Exil, dans la mouvance plus ou moins exclusive de cet Exil et donc de l’expérience babylonienne. Ce coup de jeune empêcherait de parler véritablement d’Israël ou de peuple juif avant le Ve?siècle ou VIe ap. J.-C. Car l’épreuve de l’exil a joué un rôle de catalyseur de questions. En outre, au retour de l’Exil, le souci de refonder l’unité d’un peuple divisé devait conduire à ces grandes synthèses. » En conclusion de son article, l’auteur porte cette expression que je trouve magnifique : « La Bible est donc née à Babylone, de cette expérience de l’étranger qui faillit être mortelle mais que la foi du peuple juif a transformé en grâce divine : car, ainsi que nous-même, notre père était un araméen errant… »
Depuis 14 ans, l’archéologie au Proche-Orient et l’épigraphie (traduction et étude des textes) des innombrables tablettes mésopotamiennes découvertes ont fait considérablement progresser la connaissance de ces civilisations, longtemps méconnues.
Au sein de notre comité éditorial et scientifique, un homme porte particulièrement attention à cette région et aux civilisations mésopotamiennes. Assyriologue, Bertrand Lafont nous informe régulièrement des progrès de la recherche sur ces domaines scientifiques. Avec lui, nous avons souvent débattu de l’opportunité de publier un dossier qui livrerait sur ces sujets des informations nouvelles. Des ouvrages édités en 2017 aux Belles Lettres par Dominique Charpin, La vie méconnue des temples mésopotamiens (cf. MdB n°?222), et chez Belin, La Mésopotamie. De Gilgamesh à Artaban 3300-120 av. J.-C., une « somme » coécrite par Bertrand Lafont, Aline Tenu, Francis Joannès et Philippe Clancier (cf. MdB n° 224), nous ont convaincus de ne plus attendre.
À l’initiative de notre assyriologue, une rencontre s’est produite début janvier avec lui et un de ses éminents collègues universitaires, Francis Joannès. Estelle Villeneuve, archéologue et bibliste, qui accompagne au quotidien notre petite équipe et réalise la grande séquence archéologie du Monde de la Bible, était également des nôtres. Ensemble nous avons élaboré le plan de ce dossier et choisi les meilleurs auteurs.
C’est ainsi que Bertrand Lafont et Francis Joannès se sont spontanément portés candidats pour réaliser à quatre mains un portrait historique de la Babylone mythique et archéologique, véritable « ville-monde ». Laura Cousin leur a prêté main-forte pour expliquer dans des encadrés pertinents l’urbanisme de la ville, la réalité et l’importance des fameux jardins suspendus et de la tour de Babel. Francis Joannès a repris le dossier sur la présence judéenne à Babylone. J’écris « repris », car lui-même avait rédigé un article similaire dans notre dossier publié en 2004. À quatorze ans d’intervalle les sources s’étant multipliées, le propos n’est plus exactement le même. Nous avons ensuite demandé à Philippe Clancier de nous parler de la grande bibliothèque de Babylone, rarement évoquée dans nos colonnes auparavant.
Enfin, nous avons sollicité l’expertise de deux éminents professeurs du Collège de France. Le premier, Thomas Römer, titulaire de la chaire « Milieux bibliques », pour rappeler pourquoi l’exil des Judéens à Babylone fut déterminant dans la naissance des textes bibliques. Le second, Dominique Charpin, titulaire de la chaire « Civilisation mésopotamienne », pour évoquer les défis que la Mésopotamie antique lance encore aux chercheurs. Outre l’inventaire des principales questions irrésolues, l’auteur livre là une édifiante « leçon de recherche ».
En vous souhaitant une enrichissante et agréable lecture !
Par Benoît de Sagazan
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